DISCOURS DU 18 OCTOBRE PLACE DE LA REPUBLIQUE
Bonjour à toutes et à tous,
Vous trouverez ci-après le contenu du discours prononcé au nom de la FCPE à l’hommage sur la place de la République le 18 octobre 2020.
Liberté, égalité, fraternité, laïcité. Ce sont ces 4 mots qui m'ont accompagné quand j'étais enfant et que je fuyais la dictature chilienne pour m'installer dans mon nouveau pays d'accueil, la France. 4 mots qui n'ont pris tout leur sens qu'avec le travail et l'engagement de ceux qui m'ont tout appris, ou presque : les enseignants. C'est avec beaucoup d'émotion que je veux rendre ici hommage à ces maîtresses, ces maîtres, ces professeurs qui, au quotidien, font vivre les valeurs de la République si chères à nos cœurs. Bien sûr, comme vous toutes et tous, j'ai plus qu'une pensée pour Samuel Paty, qui a connu une mort abominable pour avoir simplement exercé son métier, pour avoir simplement voulu apprendre à nos enfants ce qu'était la démocratie, la liberté d'expression, la laïcité. J'ai bien plus qu'une pensée pour tous ses collègues qui, comme Samuel Paty pouvait le faire, œuvrent eux aussi tous les jours pour éclairer de jeunes cerveaux parfois obscurcis par l'intégrisme religieux et le fanatisme qui se répandent sur les réseaux sociaux, voire aussi dans certains foyers.
Mais avoir une pensée, ça ne suffit pas. Notre émotion si forte aujourd'hui ne doit pas se perdre dans les brouillards de l'oubli. La parole que je porte ici est celle d'une fédération de parents d'élèves. Elle regroupe des citoyens de toutes les origines, de toutes les nationalités, de toutes les confessions. Et c'est en cela qu'elle est à l'image de notre République : comme l'Ecole, elle accueille tout le monde pour la réussite de toutes et tous, dans le respect de chacune et de chacun, mais avec l'obligation pour ces parents de déposer les armes de leurs Eglises avant d'y entrer. Notre fédération de parents d'élèves est un acteur de la coéducation. Ce ne doit pas rester un vain mot, encore moins aujourd'hui.
Parce que si nous n'avons pas le pouvoir d'éradiquer le terrorisme, si nous ne confondons pas le rôle de chacun et laissons à la police et au ministère de l'Intérieur cette mission-là, nous avons la prétention de penser que nous pouvons aider, seconder ces enseignants parfois bien seuls dans leurs classes. Nous pouvons travailler avec l'institution scolaire pour faire comprendre ce qu'est cette spécificité si française qu'est la laïcité, comment elle permet de garantir l’unité et la pérennité de la République. Nous sommes là pour rappeler aux parents que s'ils peuvent accompagner en sortie scolaire leur enfant en portant un foulard, une kippa ou un turban, ils ne peuvent en aucun cas ni promouvoir ni même parler de leur religion. Nous sommes là pour rappeler aux parents que si un enseignant montre une caricature d'un prophète, même nu, ils n'ont en aucun cas le droit de contester à l'enseignant sa liberté pédagogique et encore moins de le menacer de représailles. Nous sommes là pour rappeler que les petites filles doivent apprendre à nager, et que leurs parents n'ont absolument pas le droit de les en empêcher, quels que soient les prétextes avancés. Nous sommes là pour rappeler que si les enfants ont le droit de refuser de manger de la viande à la cantine, ils n'ont pas le droit de mettre en avant le fait religieux pour l'expliquer.
La laïcité, c'est parfois compliqué. Mais c'est parce que notre fédération est profondément laïque et républicaine que nous savons pouvoir être aux côtés des enseignants pour les accompagner, nous pouvons être ce relai indispensable entre les parents et l'institution scolaire. Il faut pouvoir dépasser l'individualisme qui désagrège notre société et aller vers des actes collectifs. Qu'il s'agisse de la lutte contre le changement climatique, des pandémies comme du terrorisme, la société française ne peut qu'avancer en faisant bloc autour de ses valeurs humanistes. Comme disait Condorcet, « le but de l’école n’est pas de faire croire mais de faire savoir ». Car la laïcité, rappelons-le, est avant tout là pour permettre l’instauration d’un climat de tolérance. C'est tout de suite que nous devons agir dans ce sens, tout en sachant que le chemin de la raison sera long. Et tout du long de ce chemin, vous trouverez toujours ces parents engagés pour faire de nos enfants, tous nos enfants, des citoyens épanouis, respectueux de la vie, respectueux du droit et de leurs devoirs, respectueux de l'autre dans sa différence, respectueux de la Nation, si complexe soit-elle.
A Samuel Paty.